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IL ÉTAIT UNE FOIS… LACOMBE LUCIEN

IL ÉTAIT UNE FOIS… LACOMBE LUCIEN

Réalisateur Daniel Ablin
Auteurs Antoine de Gaudemar, Daniel Ablin, Serge July et Marie Genin
Image Denis Leroy, Hervé Lode, Thomas Viguier
Son Thierry Blandin, Alain Giulianelli
Montage Julia Gregory
Durée 52 minutes
Format HDCam, 16/9e
Version française
Copyrights Folamour – TCM – 2011
Diffuseurs France Télévisions, TCM

Intervenants:

  • Aurore CLEMENT, actrice
  • Yolande BLAISE, mère de Pierre Blaise
  • Alexandra STEWART, actrice et ex-compagne de Louis Malle
  • Patrick MODIANO, scénariste de Lacombe Lucien
  • Pierre LABORIE, historien
  • Vincent MALLE, producteur et frère de Louis Malle
  • Jean-Paul RAPPENEAU, cinéaste
  • Robert PAXTON, historien

Histoire d’un film. Une petite ville du sud-ouest français en juin 1944, peu après le Débarquement. Fils de paysans, Lucien Lacombe cherche à rejoindre la Résistance, mais il est jugé trop jeune. Un soir, il est surpris par le couvre-feu et arrêté. Il livre à la Gestapo, tenue par des auxiliaires français, le nom du chef local du maquis et s’engage dans la traque et la torture des résistants. Toutefois, il tombe amoureux d’une jeune fille juive qui vit cachée avec son père et sa grand-mère dans la petite ville. Peu à peu, il se prend d’affection pour cette famille, qu’il va même sauver en partie de l’arrestation. Il tue un soldat allemand et s’enfuit dans les bois avec la grand-mère et la jeune fille. Lacombe Lucien sera arrêté et exécuté après la Libération. Le scénario du film est cosigné Louis Malle et Patrick Modiano, jeune romancier de 29 ans dont l’œuvre alors naissante est marquée par l’ambiance délétère et trouble des années noires de l’Occupation.

Histoire d’une époque. Lacombe Lucien sort en février 1974, dans la France de Georges Pompidou. En 1971, celui-ci a gracié, au grand dam d’anciens résistants, Paul Touvier, un ex-chef de la Milice. Le film sort en pleine mode rétro. En 1969, L’armée des ombres de Jean-Pierre Melville célèbre les héros de la résistance, tandis que Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophuls restitue la France pétainiste des années 40. Le mythe de la France résistante, propagée par les gaullistes et les communistes, s’effrite. En 1973, « La France de Vichy » de l’historien américain Robert Paxton marque un tournant. L’ouvrage réfute la thèse d’un Pétain attentiste, faisant tampon entre les Allemands et de Gaulle, et souligne au contraire l’activisme pro-allemand du régime de Vichy, notamment sur la question juive. Dans ce contexte, Lacombe Lucien connaît un succès polémique : ce portrait d’un homme du peuple devenant gestapiste ne plaît pas et l’ambiguïté de Lacombe Lucien, l’antihéros, résistant un jour collabo le lendemain, passe mal. L’heure est encore aux héros tranchés, à une vision épique et univoque de l’histoire.

Histoire d’un réalisateur. En 1974, Louis Malle a 42 ans. C’est un cinéaste consacré, proche de la Nouvelle Vague mais resté un franc-tireur, qui a reçu à 23 ans la palme d’or à Cannes pour son premier film, Le Monde du silence, coréalisé avec le commandant Cousteau. Ont suivi, avec un succès qui sentait souvent le soufre, Ascenseur pour l’échafaud (prix Louis Delluc 1957), Les Amants (Lion d’argent au festival de Venise, 1958), puis Zazie dans le métro (1960), Le feu follet (1963), Vie privée (1965), le Voleur (1967), et Le souffle au cœur (1971). Louis Malle a déjà également réalisé plusieurs documentaires, dont Calcutta (1969). Le scandale provoqué par Lacombe Lucien et l’ostracisme dont il se sent victime poussent le cinéaste à partir s’installer aux USA, où il poursuivra sa carrière (il y tournera une dizaine de fictions et documentaires) et mourra en 1995. Louis Malle ne reviendra en France que pour tourner en 1987 Au revoir les enfants, sorte d’épilogue à Lacombe Lucien, et inspiré d’un souvenir personnel traumatisant datant de 1944 : l’arrestation, parce que juif, de son meilleur camarade de pensionnat.